Bonjour,
Un post pour rendre compte d' une manip qui m' a permis au bout de longues semaines de persévérance de venir à bout , tout du moins pour le moment
d'un problème de transit sur un BCI .
Je précise immédiatement que ces manips sont entrecoupées de visites chez le vétérinaire qui
faute de mieux , approuve ces manipulations .
De plus elles sont pratiquées avec le "consentement" de l' animal concerné : je n'ai quasi effectué aucune contention : je pose le serpent bien calé sur mes épaules ou sur mes genoux, il est libre et à la possibilité de s'enfuir , et s'il le fait je n'insiste pas trop mais la plupart du temps il se laisse faire .
PrologueCela à débuté en novembre par le décès foudroyant d'un BCI de 3-4 ans en pleine croissance qui faisait partie d'un couple que j' ai récupéré été 2012 , comme certains de mes animaux,
un peu à l' arrache en cherchant des terrariums d' occase sur LBC .
Visiblement ces deux serpents étaient très en retard quant à leur croissance , maintenu dans des conditions limites et j'ai proposé de les récupérer .
Les deux animaux étaient maintenu ensemble jusqu' alors et je les ai séparé pour la quarantaine qui dure toujours !! .
J'ai soigné et fait opéré le plus petit ( celui dont il sera question ) d' un kyste à la gorge, puis augmenté peu à peu la cadence de nourrissage jusqu'à ce que la courbe retrouve la " normale " .
Or le plus gros des deux est mort subitement au bout d' un peu plus d'un an sans qu'on puisse en déterminer la cause . ( en le disséquant peu après sa mort j'ai constaté que son foie était liquéfié ! )
L' autre , s'est mis quelques semaines plus tard, c'est à dire en décembre dernier, à présenter des signes inquiétants un peu similaires .
Par précaution le véto a mis en place un traitement antibiotique à large spectre .
Les symptômes d'une infection bactérienne suspectée ont commencé à disparaitre au bout d' un mois .( Asthénie , taches rouges au niveau des écailles ventrales, nodules mous sur les flans, contractions à la palpation et douleurs probables ) . C'est alors qu' un autre problème est apparu ...
Première phase .j'ai constaté une absence inhabituelle de fèces et d' urines de plusieurs semaines , qui se sont confirmées à la reprise de nourriture consécutive au traitement .
Par ailleurs les contractions se sont à peine calmées à la palpation . J'ai donné de petites proies pour vérifier le transit mais ... rien .
Peu à peu j'ai commencé à sentir des urolites importantes en amont du cloaque que je suspectais de bloquer le transit intestinal .
Ayant déjà pratiqué des gestes similaires plusieurs fois pour des rétention d' oeufs , j'ai pris l' initiative de les expulser manuellement.
J'ai utilisé un sonde de sexage trempée dans la bétadine-gel pour masser le cloaque . Celui ci devient rapidement turgescent et permet un sondage sans résistance de la chambre cloacale .
on trouve alors assez facilement le chemin de l' uretère et la sonde vient cogner sur la surface crayeuse des urolites .
Cela permet d'en apprécier la taille et soit de les briser soit de les gratter suffisamment pour permettre leur expulsion . Parfois quelques millimètres cube suffisent et la sonde sert de guide jusqu’à la sortie .
L'astuce consiste à débuter l' opération en maintenant la queue de haut en bas afin de faire reculer dans un premier temps l' urolite à l' intérieur.
En effet je pense, car je le sens au bout de la sonde , que celui ci n' arrive pas à passer entre autre car sa trop grosse taille provoque une invagination de l' uretère qu'il convient de remettre en place dans un premier temps .
(c'est un peu empirique mais ça marche ) .
Dès que le premier urolite est sorti, tous les autres on suivit d'un coup et le serpent s'est vidé d'une grosse quantité de liquides avec un soulagement visiblement partagé .
Malgré une constipation de plusieurs semaines , à peine une noix compacte d' excrément était mêlée aux urolites et liquides que j'ai soumis à l' examen du veto . Pas de sang, ni d 'odeur , pas de signe d'infection.
Deuxième phase .Malheureusement cela n'a résolu en rien le problème de transit intestinal car aucun autre excrément , en rapport avec la quantité de proies ingérées ( environ 1500 g au total ) , n' est venu dans les semaines qui ont suivi .
Le serpent avait l' air d' aller bien, était doté d' un appétit féroce mais souffrait visiblement du tube digestif à la palpation ( contactions anormales, préférence inhabituelles d'une source de chaleur plus forte )
Ma véto voulant éviter autant que possible un intervention lourde , je me suis mis à distribuer de petites proies avec systématiquement quelques millilitres d 'huile de paraffine dedans .
Aucune urine, aucun excrément pendant encore des semaines .
J'ai augmenté les prises d' huile , jusqu' à un gavage quotidien d 'huile pure ( 1 ml par kg ) pendant une semaine... rien.
Pour en avoir le cœur net j' ai proposé de temps en temps une proie plus grosse ( rat 200 g ) ... rien
Au cours des semaines qui ont suivi j'ai été amené par deux fois à expulser manuellement de gros urolites mais toujours pas la trace du moindre excrément .
Il me semblait néanmoins à la palpation que le site des contractures se déplaçait lentement vers la queue et qu'elles étaient moins intenses .
J'ai tenté des sondages assez profonds pour essayer de palper un bouchon d 'excrément mais il n'est pas très facile de s' y retrouver dans la chambre cloacale avec tous les "tubes" qui y débouchent .
Je les accompagnait toujours de massages en vue de repérer et débloquer une quelconque occlusion, avec toujours cette technique empirique de retroussement vers le haut avant le glissement vers le bas .
Enfin au cours de la dernière manip' , suite à l'expulsion des urolites, un énorme morceau de matières fécales très compacte est descendu de l'intestin et j'y ai planté ma sonde qui l' a guidé jusqu’à la sortie .
Quand j' ai vu l' engin
, heureusement d'aspect sain , j'ai eu le droit d' espérer avoir débloqué la situation .
L' avenir nous le dira mais en attendant, l' animal et moi même avons été soulagés .
En résumé Au final je ne suis pas bien avancé , car l' origine de cette constipation n'est pas établie du tout : réaction aux antibiotiques , urolites durcis par l' augmentation des températures nécessaire au traitement, prolapsus ou invagination interne, conditions de maintien défectueuse ?
J'essaie pourtant d' optimiser mais j' ai toujours tâtonné avec les boas surtout à propos du chauffage et c'est l' espèce avec laquelle j'ai eu le plus d' échec .
La méthode utilisée pour résoudre le problème , soit : massages + huile de paraffine + expulsion manuelle des urolites et fécalomes n'est pas non plus certifiée efficace : j'ai peut être juste eu de la chance... les bouchons se serait il débloqué de toutes façon, à long terme ? .
Mais la constipation à duré plus de 4 mois ... et les urolites ne seraient sans doute pas sortis tout seuls , ni le fécalome et force est de constater que les contractions ont disparu pour le moment.
il n'est pas certain du tout que tout soit terminé : j' ai nourri à nouveau le BCI ( 2 x 200 g ) , qui vient de muer , et j' attends impatiemment dans un premier temps des urines normales puis les fèces .
Ces manip sont pratiquées en désespoir de cause, avec bien sur une prophylaxie maximum et tout le soin et la douceur que je peux y mettre . De même j' agit assez progressivement et lentement, sans geste brusque mais sans hésitation .
Il est évident qu'elles ne sont pas souhaitables et je les déconseille aux personnes qui ne sont pas un peu au fait de l' anatomie du serpent .
Elles ont toutes été précédées d'une ou plusieurs visites préalables chez le véto qui à jugé de l' état et de l' affection probables de l' animal et tenté un ou plusieurs traitement auparavant .
Mais je n'ai ni le temps ni les moyens de passer ma vie chez le veto qui de toutes façon n' a alors plus trop de solution à me proposer .
D'ailleurs il m'est arrivé à plusieurs reprises que je consacre 5 à 10 fois le prix du serpent pour tenter de le sauver , la plupart du temps en vain .
Les véto que je connais sont assez compétents et motivés , je n'ai pas à m'en plaindre mais comme ils disent eux même : chaque serpent est un cas particulier ; Contrairement aux mammifères , il y a trop peu de cas statistiques pour établir des diagnostics clairs et des thérapeutiques efficaces à tous les coups .
Ils tâtonnent un peu et bien souvent ce sont les soigneurs qui à défaut de pouvoir traiter la maladie directement agissent de façon plus ou moins empirique sur les symptômes , améliorant ainsi l' état général de l' animal
qui dispose alors mieux de ses propres moyens pour guérir.
Je me répète mais le plus remarquable dans l' histoire est comme toujours le comportement de l' animal qui reste tranquille et
semble "accompagner la manœuvre" , tout comme quand on l' aide à se débarrasser de son exuvie après un bain d 'eau tiède .
Même quand je la gavais d 'huile ( à l' aide d'une sonde urinaire ), dès la 2eme fois elle s' est laissé faire, je n' avais plus besoin de la contentionner et je lui ouvrait la gueule très facilement juste en déposant la sonde en latex sur les lèvres.
Quant à se faire enfoncer une sonde ou le doigt dans le derrière ...
, si tous les sexages pouvait se passer comme ça .... !
A suivre