Discussions autour de la Fauconnerie

Fly the snap ,
ça rafraichi de t'imaginer  à 5 h du matin avec une brume diaphane qui roule sur la lande et ton Faucon qui réclame dans le ciel.
Tu fais des vols de nuit ou c'est pour être prêt à l' aube ?

J'y vais pour mettre sur l'aile à l'aube pour le premier vol.
Dans un mois et demi je vole la bécassine en Irlande.
Alors on bosse des qu'on peut. A l'aube, à midi, au crépuscule...

Je trouve les termes et le jargon de la Fauconnerie très poétiques .
C'est un art qui m'aurait beaucoup plus , mais on ne peut pas tout faire ...

Cette matière est d'une richesse absolue. Pendant mon précédant post le faucon était sur l'aile à 400 m de plafond, en train de se recentrer. J'ai essayer de faire partir des merles mais ils ont eu l'idée de passer dans une haie perpendiculaire, pas fous...

Et maintenant c'est au tour de ma forme de lanier. Déjà passé les 700 de plafond. Hier 1419 m. On verra aujourd'hui.

Comment tu sais apprécier l' altitude au mètre près ?

Altimètre... Je sais tout: altitude, vitesse d'ascension, en ligne droite et en piqué. Et si elle dépasse la portée de l'appareil, je passe en mode GPS.
Ça permet d'être précis dans le geste.
Par exemple elle est montée à 930 m mais trop décentrée. Eh bien j'attends qu'elle arrête de se foutre de moi. Qu'elle se centre et qu'elle monte encore.

Fin du vol?
A fini par se recentrer et passer les 1000 m. De coup je me suis montré (j'étais à l'ombre d'une haie de cyprès). Ça l'a motivée à reprendre sa carrière. 1100 sans perdre au centrage. Disons que c'est positif. Piqué demandé au bras levé (un plafond de chasse est à 150 m, un plafond de concours à 280 m pour l'obtension du maxi de points...). Leurre pour 1/3 de la récompense. Elle aura un 2eme tiers à la maison, et perds le 3eme. Je la vole plein poids (ce qu'il ne faut jamais faire pour 100% des oiseaux autres que les miens) alors il faut bien que je marque ma réprobation pour son manque de sérieux.

Je ne sais pas si tu entrevois ce qu'est la relation avec le faucon. Il faut des années pour la comprendre et la maîtriser. En vol d'amont.

Voler plein poids?
Pour le faucon c'est voler au max de son poids, comme il sort de volière.
Pour le fauconnier, c'est idem sauf que lui sort... De table.

très beau métier que fauconnier, j'ai une amie qui bosse au pal depuis 12 ans elle s'occupe des rapaces et oiseaux en général et quand elle parle de son taf on voit direct qu'elle a de la passion dans le regards
j'ai eu l'occasion de l'observer quelques fois et franchement je suis bluffer par le travaille réalisé avec ses oiseaux

La fauconnerie c'est la chasse au vol. La démo c'est la démo. Même si tous ces spectacles ont intérêt à entretenir la confusion, le geste est contraire. Le fauconnier cherche à permettre au faucon de voler et chasser comme il le fait dans la nature, la démo anéantit les possibilités de l'oiseau pour le faire voler proche du public.

Ma forme de lanier sur pigeon, avec une jeune braque français que je débourrais alors pour un ami fauconnier anglais.

Je disais que la difficulté n'est pas tellement administrative. Pour une démarche d'avenir, l'aspirant doit se faire accepter par un parrain fauconnier qui le mènera à la compréhension du geste et des oiseaux. Le places sont chères car, avec la société de consommation qui commence à déteindre sur la matière (on n'est cependant loin de la mode NAC comme pour les serpents), les fauconniers trient gravement pour ne s'intéresser qu'aux candidats sérieux. Il ne faut pas oublier qu'un fauconnier organise sa vie autour se son faucon.
Après, il y a de plus en plus de panouilles qui prennent une buse Harris pour bricoler, hors de tout contrôle. Ce ne seront jamais des fauconniers.
Le faucon est plus intelligent que l'homme dans le geste de prédation. Mais ça bien peu le comprennent et en tiennent compte. En réalité le fauconnier apprend plus du faucon que l'inverse.

Ça a l' air évident que le Faucon et l' Homme sont des prédateurs très différents .
Tout les oppose en fait , si ce n'est l'instinct de la chasse .
C'est notre tendance indécrottable à l' anthropomorphisme qui peut nous faire penser le contraire .

Et il y a des Hommes très très différents entre eux, que tout oppose , même l'instinct ...


On voit bien l' altimètre sur son dos !
Comment est il fixé et comment le ressent il ?

Il n'a aucune crainte du chien ! qui pourtant est un sérieux concurrent potentiel ! Il sait que par ta présence le chien ne bougera pas et qu'il peut se repaitre tranquillement ?

On parle d'équipage. Le chien et le fauconnier trouvent le gibier et le font partir tandis que le faucon est hautain et centré au dessus d'eux.
Le faucon ne sent pas l'altimètre, qui faut 17 GR.

Le faucon est physiquement taillé pour la vitesse et pour résister au piqué comme au buffetage (percute la proie). Ses sens sont developpés pour gérer vitesse et précision. Au delà de ça il a l'intelligence de l'attaque, de la trajectoire, et du contact. Autant de qualités qu'il faut respecter pour ne pas émousser on efficacité.
Il y a un éternel débat sur le fait qu'il n'y aurait pas de mauvais faucons mais seulement de mauvais fauconniers. Disons que les mauvais fauconniers pensent que c'est faux! Lol.
Sauf qu'il faut des années de déceptions avant de réussir un geste correct.
Ça paraît évident mais c'est le cas pour toute travail qui ne se voit pas. "Putain tu as de la chance, ton pointer est excellent. Même pas besoin de dressage !". Ben tiens...
Tu as dit quelque chose de très vrai Tob en parlant d'instinct. Je ne sais pas si le vol d'amont developpe l'instinct ou s'il en faut un bon pour faire quelque chose de bien en vol d'amont...

Avec ma forme de lanier je fais de la "recherche fondamentale". C'est le seul oiseau au monde à passer les 1000 m tous les jours depuis 2 ans.
Eh bien je reste pourtant vigilant.
Elle vient de monter à 1057 m, a considéré qu'elle allait être récompensée. Une heure de patience plus tard, alors qu'elle est restée centrée entre 980 et 1050! Elle a compris que je ne cederai pas. Elle s'est mise à monter enfin et quand j'ai vu qu'elle avait changé d'État d'esprit, alors seulement je l'ai rappelée pour le leurre.
N'importe qui d'autre aurait cédé avant. Mais c'est une erreur. La preuve, elle savait comment arrêter le vol et être récompensée.
Pas folle la guêpe.

Bigre !

Et si en vol elle aperçois une proie plus intéressante que le leurre ?

Elle n'y va pas car je lui au montré que ce qui vient du pointer ou de moi est prenable plus facilement.
Il faut penser à tout!!!

Ah oui bien sur : aucun risque de blessure, pas d' embrouille, succès garanti, valeur sure .
Toujours le top efficacité .

C'est une balance aux multiples plateaux qu'il faut équilibrer en permanence, car la motivation et l'attitude de l'oiseau varie avec le temps qu'il fait, la température, une réussite ou un échec précédant...
C'est cette impossibilité de se reposer sur un acquis qui fait qu'on attend le vol suivant à peine le vol en cours terminé. On peut toujours ajuster quelque part, avancer, découvrir.

Ce matin le Barbary a été fidèle, sérieux en montant sans interruption et avec un coup d'aile électrique, s'est recentré en continuant à monter (chaque point est observé donc, car je veux des vols courts, précis, sans fioritures). Lorsque le faucon a été placé sur ma tête à un plafond de 150 mètres (minimum à l'heure où blanchit la campagne), j'ai fait partir une escape qui est bien défendue en montant et avançant au max. Le faucon s'est mis en goutte et a lié sa proie au dessus des poiriers (bonne idée, car un buffetage faisait tomber la proie et il risquait de la perdre). La descente a été longue jusqu'à un chemin mais le faucon n'a pas cherché à me fausser compagnie pour manger. Sur place une photo même, dans une ambiance blafarde. Qu'il mange la tête. Puis je me suis reculé de quelques mètres pour voir ce qu'il ferait en voyant le leurre acharné plus facile à manger que sa proie non plumée. Eh bien il a traîné sa proie jusqu'au leurre, pour l'abandonner même dans son élan. Ce qui peut ressembler à une coquetterie prendra tout son sens dans les tourbières s'il faut récupérer l'oiseau (et la proie) dans des circonstances potentiellement difficiles. La première fois qu'il a pris un passereau il est même revenu avec au poing.

Ah quelle belle vie que celle d'un fauconnier!
Le vol de la bécassine est parmi le plus difficile qui soit.
Aucun faucon non irlandais n'a encore réussi à prendre une bécassine irlandaise. Le plus près à le faire a été mon précédant faucon, mais à part multiplier les touchettes...
La semaine de chasse approchant (fin octobre), je commence à recevoir des messages d'encouragement et d'impatience de ces si généreux fauconniers irlandais. Deux d'entre eux vont se mettre à ma disposition pour m'assister jusqu'à la réussite (en prenant des congés!). Un troisième vient de passer l'enjeu du pari de 5 à 10 pintes...
Bigre! Pourvu que le Barbary descende en attaque sur ce gibier qu'il ne connaît pas, déjà!!

Toujours en contact régulier avec l'Irlande. Je trouve les gars très optimistes. Il n'a que les Irlandais pour réagir si positivement.
Le jour se lève trop tard désormais pour que j'aie le temps de faire un vol avant 8 heures, et c'est dommage pour le maintien de la capacité du faucon à voler n'importe quand...
Mais enfin on travaille sérieusement dans le temps disponible et ses vols commencent à être efficaces.
Je n'irai pas car je dois finalement aller en Espagne après l'Irlande, et je privilégie la chasse, mais dans 10 jours il y a un gros SkyTrial en Castille où le tiercelet aurait désormais ses chances.
Le SkyTrial est une compétition où l'efficacité d'un faucon est jugé sur plusieurs critères:
- Rapidité de la carrière, qualité du coup d'aile et centrage autour du fauconnier
- Plafond atteint (maxi des points à 280 m)
- Efficacité du piqué
- Résultat du contact avec la proie: loupée, touchée, tuée, poursuivie et remisée
- Rapidité du retour au leurre en cas d'échec
- Tout ça dans 10 minutes
Mon kiki de 350 grammes (jamais un Barbary n'a concouru en Sky car ce sont des oiseaux très légers) était centré à 528 m hier encore...
Mais il faut ça car le challenge de la bécassine est terrifiant. Mais comment va-t-il gérer cette proie furtive? S'il tente sa chance sur la première, aura-t-il le coeur de se prendre au jeu pour trouver la solution qui l'amènera à la prise, ou s'effondrera-t-il psychologiquement en renonçant définitivement à descendre sur cette proie?
Et moi j'aurai fait tout ça d'entrainement plusieurs fois par jour depuis des mois, j'aurai fait tout ça de trajet pour relier Arles à Dublin, pour