Des chercheurs ont identifié les molécules responsables de cette croissance cardiaque qui ouvre la piste de traitements pour l'homme.
Lorsqu'il dévore une proie après avoir longtemps jeûné, parfois pendant près d'un an, le python molure ou birman (Python molurus) a soudain le cœur… gros. Ce n'est pas que ce serpent géant (jusqu'à 7 mètres de long pour un poids supérieur à 100 kilogrammes !) soit pris de blues au moment d'amorcer sa digestion. Mais son cœur double quasiment de volume dès qu'il mange sous l'effet d'une sécrétion massive d'acides gras et de triglycérides spécifiques.
Des chercheurs de l'université du Colorado (États-Unis) viennent en effet de montrer dans une étude publiée vendredi dans la revue Science, que la quantité de triglycérides (constituants de base des graisses animales et végétales) circulant dans le sang des pythons était multipliée par 50, un jour après avoir gobé l'un de leurs mets favoris : bœuf, antilope, crocodiles… Le tout sans boucher ses artères par des dépôts graisseux.
Un accroissement similaire à celui des sportifs de haut niveau
Ils ont également constaté une forte hausse de la concentration d'une enzyme, la superoxyde dismutase, bien connue pour ses puissants effets protecteurs du muscle cardiaque, y compris chez l'homme.
Enfin, après avoir injecté du plasma sanguin de pythons en pleine digestion, chez des congénères à l'estomac vide, l'équipe dirigée par Cecilia Riquelme a noté un net accroissement de la taille du cœur de ces reptiles pourtant en plein jeûne. Les mêmes effets ont été constatés sur le cœur de souris ayant subi les mêmes injections.
«Nous avons découvert qu'une certaine combinaison d'acides gras peut avoir des effets favorables sur la croissance cardiaque chez des organismes vivants», explique Cecilia Riquelme, principal auteur de l'étude. Nous essayons maintenant de comprendre le mécanisme moléculaire à l'œuvre derrière ce processus.» Ces travaux pourraient déboucher sur de nouveaux traitements des maladies cardio-vasculaires humaines. D'autant que cet accroissement de la masse du muscle cardiaque se produit également chez les sportifs de très haut niveau.
(Le figaro.fr)